9 et 10 octobre 2025 Retour sur le Colloque international sur la retraite et le vieillissement

4ème édition

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Retraite, vieillissement : un retour sur la dernière édition du colloque international retraite et vieillissement des 9 et 10 octobre 2025

Par Camille Chaserant (Chaire ESoPS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Marie Gaudier
(DPS-CDC), Thibaut Heyer (Chaire ESoPS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Gabin
Langevin (DPS-CDC), Anne Lavigne (Université d’Orléans), Ronan Mahieu (DPS-CDC),
Frédérique Nortier Ribordy (Chaire ESoPS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Muriel
Roger (Chaire ESoPS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Laurent Soulat (DPS-CDC)

Mots clés : cohésion sociale, retraite, grand âge et santé, trajectoires professionnelles, inégalités

A l’initiative de la chaire « Économie sociale, protection et société » (ESoPS) l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de la Direction des politiques sociales (DPS) de la Caisse des Dépôts, la quatrième édition du colloque international sur la retraite et le vieillissement s’est tenue dans les locaux parisiens de la Caisse des Dépôts les 9 et 10 octobre derniers. Ce colloque fournit l’occasion de confronter les points de vue et les connaissances aussi bien de chercheurs de diverses disciplines (économie, sociologie, démographie, sciences politiques…) que de personnes impliquées dans la gestion opérationnelle des dispositifs, notamment publics, de retraite et de prise en charge du vieillissement. Ce colloque est une événement important pour stimuler la recherche sur les sujets de la retraite et de la perte d’autonomie au grand âge, en offrant l’occasion aux participants d’échanger pendant deux journées pleines sur ces thématiques.

A côté des sessions scientifiques thématiques dédiées à la présentation et à la discussion de résultats de travaux de recherche en cours, ces deux journées ont été rythmées par deux séances plénières lors desquelles des chercheurs et chercheuses de renom ont proposé une synthèse des apports des travaux académiques sur les trajectoires de fin de carrière et les effets des politiques publiques sur l’emploi des seniors. Chacune des deux journées s’est par ailleurs close sur une table ronde associant représentants du monde académique et organismes en charge de la mise en œuvre des politiques publiques en matière de retraite et de vieillissement (voir le programme).

Table ronde du 9 octobre :

« Quelle prise en charge des seniors au niveau local dans un contexte de vieillissement ?« 

 

Avec le vieillissement de la population française, la part des personnes de 60 ans et plus augmente au cours du temps, passant de 28 % actuellement à presque 30 % en 2030 et presque 33 % en 2050. Allant de pair avec le vieillissement, le nombre de personnes en situation de dépendance va augmenter. La question des prises en charge des seniors au niveau local se pose donc, avec de multiples questions qui en découlent. Quels sont les besoins locaux liés à la perte d’autonomie et quelles sont les offres locales ? Y a-t-il une situation similaire entre les départements ou existe-t-il plutôt une forte hétérogénéité sur le territoire à la fois des demandes et des offres ? Quelles sont les actions mises en place aujourd’hui au niveau local ? Quels sont les aménagements entrepris des logements et des structures d’accueil ?
Ces questionnements étaient l’objet d’une table ronde lors du colloque international sur la retraite et le vieillissement qui s’est tenu à Paris les 9 et 10 octobre 2025. Celle-ci était animée par Camille Chaserant (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Disparités territoriales et diversité des besoins

Mathieu Lefebvre (Université de Strasbourg, CNRS) dresse un premier constat sur les besoins : entre 2 et 4 millions de personnes de plus de 60 ans connaissent des limitations dans leurs activités quotidiennes, soit entre 10 % et 20 % de cette population. Pourtant, seuls un peu plus de 7 % des 60 ans et plus bénéficient de l’APA, dont l’octroi dépend des départements. La proportion de bénéficiaires de l’APA (et non celle des personnes en perte d’autonomie qui peuvent avoir des limitations et ne pas forcément bénéficier de l’APA) varie en fonction à la fois du vieillissement hétérogène des départements et de la variabilité de l’appréciation des conditions de l’éligibilité à l’APA. Les besoins sont différenciés sur le territoire, en lien avec la nature des limitations. Dans le nord, les difficultés sont surtout physiques (se laver, s’alimenter, monter des escaliers), tandis que dans le sud, les besoins cognitifs (mémoire, concentration) sont plus marqués. Ces différences s’expliquent par l’histoire économique et sociale des départements

Elsa Perdrix (Université Paris Dauphine – PSL) centre son intervention sur le bilan des offres, avec là aussi une grande diversité des prises en charge à domicile : SAD, SSIAD, SPASAD, CCAS, CIAS [1], associations et acteurs privés. Nationalement, le volume des acteurs est important (500 000 infirmières, 400 000 aides-soignantes, 125 000 places en SSIAD), mais la répartition reste inégale entre départements. Les territoires bien dotés en établissements ne sont pas forcément ceux qui disposent d’une offre solide à domicile. Les disparités concernent aussi l’hébergement : 610 000 places en EHPAD, 140 000 en résidences autonomie, mais des écarts marqués entre régions, avec un déficit dans le sud par rapport au grand ouest. Enfin, Elsa Perdrix rappelle que l’accessibilité urbaine (voirie, transports) est un facteur essentiel pour le maintien à domicile, mais reste un sujet peu documenté. Les investissements locaux varient, ce qui accentue les inégalités. Les disparités de financement départemental (APA, ASH) expliquent aussi les différences observées : les dépenses par habitant et les montants moyens par bénéficiaire varient fortement.

Pathologies, lieux d’accueil et innovation

Hélène Amieva (Inserm, Université de Bordeaux) met en avant les pathologies les plus fréquentes chez les personnes âgées. Les maladies neurodégénératives, notamment Alzheimer, sont la première cause de dépendance. Les syndromes parkinsoniens constituent la deuxième cause de démence, tandis que les démences vasculaires devraient croître avec l’allongement de la vie. Les progrès médicaux permettent en effet à des personnes atteintes de pathologies cardiaques de vivre plus longtemps, mais elles développent ensuite des troubles cognitifs liés aux lésions vasculaires.
Hélène Amieva précise aussi que la dépression, dont la prévalence est similaire à celle des adultes, reste mal diagnostiquée chez les personnes âgées. Les symptômes (fatigue, perte d’appétit, troubles du sommeil) sont souvent attribués à des pathologies somatiques, ce qui masque la dépression. Les traitements pharmacologiques posent également un problème : les antidépresseurs n’ont pas été testés chez les personnes âgées. Enfin, les troubles du sommeil sont trop souvent traités par benzodiazépines, prescrites indéfiniment, favorisant les troubles cognitifs.
Le village Alzheimer (village de Dax) s’inscrit dans la réponse aux maladies neurodégénératives, dont Alzheimer est la plus fréquente et la principale pourvoyeuse de dépendance. Hélène Amieva rappelle que ces pathologies, liées avant tout à l’âge, nécessitent des environnements adaptés qui permettent de préserver les repères et de limiter l’angoisse. Le modèle du village vise à offrir un cadre sécurisé, mais aussi une vie sociale ordinaire, afin de réduire l’isolement et les troubles cognitifs associés. Il illustre une approche innovante où la prise en charge médicale est intégrée discrètement dans un espace de vie collectif pensé pour maintenir l’autonomie et la dignité des résidents.

Catherine Jeantet (Âges & Vie) présente le modèle d’habitat partagé en ruralité : petites maisons de huit résidents, souvent des femmes, âgées en moyenne de 88 ans, avec une équipe de 6 à 9 auxiliaires de vie salariées en CDI. Ce modèle crée des emplois locaux stables, rémunérés au-dessus du SMIC. Les maisons sont implantées dans 50 départements, financées via une foncière détenue par la Banque des Territoires, le Crédit Agricole et Clariane. Les soins médicaux sont coordonnés avec les professionnels locaux, mais la désertification médicale reste un frein. Catherine Jeantet souligne que les résidents rejoignent ces maisons pour rompre l’isolement, après des chutes ou parce que leur logement n’est plus adapté. Le modèle favorise une vie sociale et une présence humaine continue. Les auxiliaires de vie travaillent en équipe, avec une organisation tournante et des logements de fonction. Ce dispositif permet de sédentariser les salariés et d’ancrer l’activité dans les territoires. Chaque maison injecte environ 50 000 euros par an dans l’économie locale.

Spécificités locales et recherches d’harmonisations

Olivier Richefou (Président du Conseil départemental de la Mayenne et Vice-Président de l’ADF), insiste sur les fortes disparités territoriales dans la prise en charge de la dépendance. Selon lui, l’APA et l’ASH, financées par les départements, révèlent des écarts considérables : pour un même GIR, les montants alloués peuvent varier du simple au double, et pour le handicap, d’un à trois. Ces différences tiennent à la diversité des pratiques d’évaluation, réalisées par des équipes pluridisciplinaires qui n’ont pas les mêmes habitudes ni les mêmes critères. Même au sein d’un département, il n’est pas rare de constater des divergences entre équipes. Pour réduire ces inégalités, les départements travaillent avec la CNSA, qui joue un rôle de régulation et propose des paniers moyens afin d’harmoniser les allocations. Il souligne également la diversité des publics et des acteurs impliqués : EHPAD, résidences autonomie, habitats partagés ou intermédiaires. Cette pluralité rend nécessaire un effort de convergence pour garantir une réponse homogène.
Olivier Richefou aborde ensuite la question de l’attractivité des métiers de la dépendance. Les revalorisations salariales issues du Ségur de la santé ont constitué une avancée, mais la formation reste insuffisante et la mobilité problématique : les aides à domicile utilisent souvent leur véhicule personnel pour se rendre chez les bénéficiaires, sans compensation pour ce temps de travail masqué. Pour y remédier, la CNSA a déployé une enveloppe de 100 millions d’euros destinée à soutenir la mobilité. En Mayenne, des véhicules électriques sont mis à disposition des services d’aide à domicile, financés conjointement par le département et les employeurs, ce qui illustre une initiative concrète pour améliorer les conditions de travail.
Enfin, Olivier Richefou insiste sur la nécessité de mieux centraliser les données. Hormis celles transmises par la Drees, les départements disposent de peu d’informations consolidées. La CNSA porte le projet d’un système d’information commun aux MDPH, qui devrait fournir des données fiables et récentes. Olivier Richefou conclut en rappelant que le vieillissement de la population accroît les besoins, dans un contexte budgétaire contraint. La construction d’EHPAD pourrait ralentir, au profit de solutions intermédiaires moins coûteuses et plus adaptées aux attentes des usagers. Il évoque aussi la possibilité d’une contribution financière accrue des bénéficiaires, notamment via leur patrimoine, et cite l’exemple des tarifs différenciés en EHPAD, modulés selon la capacité contributive.

Véronique Levieux (Adjointe à la Maire de Paris en charge des seniors et des solidarités intergénérationnelles), insiste sur la spécificité de la capitale, à la fois commune et département, qui concentre plus de 480 000 personnes âgées de plus de 60 ans, majoritairement des femmes. Elle souligne que Paris connaît la même tendance de vieillissement que le reste du pays, mais avec des disparités fortes entre arrondissements et une densité urbaine qui accentue les vulnérabilités. En lien avec l’ARS, la municipalité anticipe ces évolutions, notamment avec la construction de deux nouveaux EHPAD, qui viendront s’ajouter aux 79 existants (une quinzaine est gérée par le CASVP). Ces établissements sont envisagés comme lieux de soins mais aussi comme pôles de vie et de ressources, capables de fédérer les acteurs du domicile et de la filière gérontologique. Il est nécessaire de diversifier l’offre, notamment pour les personnes atteintes d’Alzheimer, avec des projets de maisonnées inspirées du village de Dax, malgré la contrainte foncière très lourde à Paris. La fragilité économique des seniors parisiens est aussi un facteur marquant : si certains comptent parmi les plus aisés, d’autres vivent dans une grande précarité, souvent au minimum vieillesse. Le départ à la retraite est ainsi une période critique, marquée par une perte de repères sociaux et financiers. Pour répondre à cette diversité, Paris s’appuie sur les maisons des solidarités présentes dans chaque arrondissement, véritables portes d’accès aux droits et socles de proximité pour l’écoute et l’orientation. Véronique Levieux insiste sur l’importance des démarches « d’aller vers » pour réduire le non-recours aux droits, en établissant un lien de confiance avec des personnes âgées souvent repliées sur elles-mêmes.
La prévention, qui constitue un autre axe majeur, est financée à hauteur de plus de 6 millions d’euros par an via la commission des financeurs de la perte d’autonomie. Ces crédits permettent d’agir sur l’adaptation des logements, la lutte contre l’isolement et le soutien de projets localisés, notamment dans les quartiers où la précarité des seniors est croissante. Les bailleurs sociaux jouent un rôle clé : la RIVP et Paris Habitat ont développé des stratégies de longévité, recrutant des ergothérapeutes pour diagnostiquer les besoins et adapter les logements. Le parc privé reste plus difficile à mobiliser, mais des dispositifs comme MaPrimeAdapt’ ou l’action de SOLIHA apportent un soutien. Véronique Levieux conclut en rappelant que les seniors parisiens ne sont pas uniquement des bénéficiaires de politiques sociales, ils sont aussi des citoyens actifs, bénévoles et engagés, qui doivent être accompagnés tout au long de leur parcours de vie.

Retrouvez la retranscription détaillée des échanges entre Camille Chaserant, Hélène Amieva, Catherine Jeantet, Mathieu Lefebvre, Véronique Levieux, Elsa Perdrix et Olivier Richefou :

Retranscription détaillée des échanges entre Camille Chaserant, Hélène Amieva, Catherine Jeantet, Mathieu Lefebvre, Véronique Levieux, Elsa Perdrix et Olivier Richefou

Table ronde du 10 octobre :

« Politiques publiques : quelles évolutions des solidarités intergénérationnelles »

 

La table ronde du 10 octobre était intitulée « Politiques publiques : quelles évolutions des solidarités intergénérationnelles ». Cette dernière était animée par Anne Lavigne (Université d’Orléans), et a réuni Didier Blanchet (IPP), Pierre Cheloudko (DREES), Pierre-Yves Cusset (HCSP) et André Masson (CNRS-PSE/EHESS). Elle a abordé successivement un diagnostic des transferts entre âges et générations, les tensions et possibilités d’arbitrage entre différentes solutions pour résoudre les déséquilibres intergénérationnels et les pistes de réforme possibles pour améliorer la solidarité entre générations.

Diagnostic des transferts entre âges

Pierre-Yves Cusset décrit les enseignements des Comptes de transferts nationaux et des comptes nationaux distribués : les dépenses de protection sociale sont fortement concentrées sur les âges élevés en raison des retraites, tandis que les prélèvements reposent surtout sur les actifs. Par rapport à 1979, les seniors contribuent davantage via la fiscalité (notamment la CSG), alors que les jeunes reçoivent aujourd’hui relativement moins. Le vieillissement est déjà en grande partie absorbé, mais il continuera à peser sur l’équilibre futur.
Pierre Cheloudko se concentre sur l’équité entre générations dans le système de retraite. Les pensions ont augmenté jusqu’aux générations 1940 puis stagnent ou baissent légèrement en euros constants. Le taux de remplacement est en baisse tendancielle, malgré une remontée temporaire liée à la réforme de 2010 (le report des départs générant des droits supplémentaires).
La durée de retraite exprimée en proportion de la durée de vie totale, après une hausse jusqu’aux générations 1945, diminue ensuite avant de remonter légèrement sous l’effet exclusif de l’espérance de vie. Les indicateurs synthétiques, comme le taux de rendement interne (TRI), montrent une diminution continue du rendement des cotisations.
Didier Blanchet élargit la perspective en évoquant trois dettes que lèguent les générations actuelles : dette financière, dette sociale implicite (liée au système par répartition) et dette climatique. La dette publique n’est pas en soi un risque intergénérationnel si elle reste finançable, mais une crise de confiance pourrait mettre en péril sa soutenabilité. La dette sociale implicite est massive mais relève de la logique même de la répartition ; elle devient problématique lorsque des déficits explicites sont créés. La dette climatique apparue plus récemment dans le débat public, représente un coût prospectif majeur d’ici 2040 et menace les capacités d’action des générations futures : atteindre les objectifs climatiques coûtera environ 40 points de PIB d’ici 2040, le coût ne pouvant être supporté exclusivement par l’État, au risque d’une crise d’insolvabilité.
André Masson propose une prise de recul historique pour mieux saisir les enjeux et analyse les évolutions du patrimoine sur le temps long. Depuis 1880, on assiste à un phénomène continu de « patrimonialisation » avec une explosion du poids du patrimoine dans l’économie et un vieillissement de sa détention. Les baby-boomers concentrent une part importante des actifs immobiliers comme financiers et vont les transmettre massivement dans les années à venir, ce qui modifiera les inégalités et les marchés (logement, travail, finance). L’épargne des seniors, abondante mais mal allouée, ne finance pas suffisamment les investissements productifs en Europe et en France.

Tensions intergénérationnelles et arbitrages

Les intervenants discutent des critères d’équité et soulignent qu’aucun indicateur isolé ne suffit. L’équité doit être pensée globalement : ce que chaque génération reçoit (éducation, patrimoine public, environnement) et transmet.
Selon Pierre-Yves Cusset, les transferts nets montrent que les enfants et les seniors restent bénéficiaires, tandis que les actifs financent le système. Entre 1979 et 2019, la générosité envers les jeunes baisse et le pic de contributions se décale vers les âges élevés et est maintenant proche de 50 ans. Les seniors reçoivent individuellement moins qu’autrefois, même si leur nombre rend le financement plus coûteux. Sur les dernières décennies, les dépenses ont été contenues et les recettes augmentées, compensant en grande partie l’effet du vieillissement.
Pierre Cheloudko précise que les indicateurs d’équité intergénérationnelle se déclinent en mesures « brutes », mais aussi en indicateurs synthétiques cherchant à saisir l’équité globale. L’indicateur le plus complet est le taux de rendement interne qui correspond au rendement implicite que procurent les cotisations si on les compare à une épargne rémunérée.
Didier Blanchet souligne cependant que le TRI ne peut suffire à définir l’équité : il dépend de nombreux arbitrages (âge de départ, durée de retraite, niveau de pension). Chercher à égaliser toutes ces dimensions est impossible ; égaliser le TRI est plus cohérent. Son usage demande toutefois la prudence : dans un système par répartition, les premières générations ont eu un TRI infini, logique au lancement du système. Le problème actuel vient de la coexistence de générations ayant encore des TRI élevés et des niveaux de pension importants, ce qui nourrit les tensions intergénérationnelles, notamment autour de l’indexation des retraites. L’équité doit dépasser les retraites : chaque génération contribue aussi à l’éducation, aux infrastructures, à l’environnement. Un véritable bilan intergénérationnel exigerait une unité de compte commune permettant de comparer ce que chaque cohorte reçoit et transmet.
André Masson montre que toutes les générations expriment aujourd’hui des frustrations spécifiques : les jeunes demandent redistribution et reconnaissance, les actifs jugent que le travail ne paie plus, et les retraités veulent surtout sécuriser le financement de la dépendance, ce qui plaide pour une mutualisation financée par une cotisation spécifique sur les pensions ou le patrimoine.

Réformes pour améliorer la solidarité intergénérationnelle

L’amélioration de l’appareil statistique constitue un préalable : développement de la micro-simulation, actualisation des comptes de transferts, meilleure connaissance des patrimoines et des transmissions.
Sur les politiques publiques, les intervenants évoquent :
– la rationalisation des règles d’indexation des pensions, en alignant l’exposition des actifs et des retraités aux aléas de la croissance ;
– un meilleur calibrage des possibilités de départ anticipé à la retraite ;
– la prise en compte, non seulement des transferts monétaires entre les générations, mais également des conditions de vie, de logements, de privations matérielles ;
– une réflexion sur les instruments de financement de la transition écologique (taxe carbone, subventions, réglementation) et leurs effets intergénérationnels ;
– la création de « placements transgénérationnels » adossés à une fiscalité successorale rénovée, permettant d’orienter l’épargne senior vers des investissements d’avenir

Retrouvez la retranscription détaillée des échanges entre Anne Lavigne, Didier Blanchet, Pierre Cheloudko, Pierre-Yves Cusset et André Masson :

Retranscription détaillée des échanges entre Anne Lavigne, Didier Blanchet, Pierre Cheloudko, Pierre-Yves Cusset et André Masson

Retrouver la synthèse et les verbatim sur les sites de la Direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts.